Drôle de nom pour un ensemble
Les plus mélomanes
Piocher le nom d’une œuvre dans le catalogue d’un compositeur, voilà l’astuce à laquelle peut recourir tout jeune ensemble. Le quatuor Manfred a ainsi adopté le titre du poème dramatique de Schumann, le chœur Les Métaboles est une référence à la pièce de Dutilleux, Les Surprises tirent leur nom de l’opéra-ballet Les Surprises de l’amour de Rameau, le quatuor Zaïde a emprunté le titre du Singspiel inachevé de Mozart et La Rêveuse fondée par Florence Bolton rappelle la pièce pour viole de gambe de Marin Marais.
Les plus mystérieux
Certaines références, bien que musicales, sont moins explicites. « La recherche du nom de l’ensemble est toujours compliquée, explique le claveciniste Clément Geoffroy, d’autant qu’il y a de plus en plus d’ensembles de musique ancienne. Les premières idées qui viennent sont souvent déjà prises. » Le musicien et deux de ses collègues découvrent l’existence de L’Escadron volant de la reine, une opérette d’Henri Litolff, contemporain d’Offenbach. « Le nom nous a fait beaucoup rire et nous l’avons adopté ! Nos recherches nous ont par ailleurs appris que la formule désignait le réseau de dames de cour mis en place par Catherine de Médicis… » Un nom au parfum d’opérette et d’espionnage.
Les plus patronymiques
Quatuors Girard et Van Kuijk, trios Metral ou Borsarello : lorsqu’un nom n’évoque ni un compositeur ni une œuvre, ne cherchez plus : il s’agit souvent du patronyme de l’un des membres de l’ensemble ! Le quatuor Rosé, qui s’est produit entre 1882 et 1938, ne doit donc pas son nom à l’amour de ses fondateurs pour un certain vin estival, mais bien au patronyme de son fondateur, le violoniste Arnold Rosé.
Les plus polyglottes
Les langues étrangères sont une source infinie d’inspiration pour les ensembles en mal de patronyme. Elise De-Bendelac, Emeline Conce, Louise Desjardins et Lucie Mercat ont ainsi opté pour Akilone, qui signifie “chant” en hébreux, pour baptiser leur quatuor. L’ensemble Furians tire, quant à lui, son nom d’une fougueuse danse slave, le chœur Zene s’est tourné vers la traduction hongroise de “musique”, et l’ensemble Kaïnos a traduit “nouveau” en grec. Sonorités attrayantes assurées.
Les plus picturaux
Modigliani, Renoir, Vermeer… les quatuors sont friands des noms de peintre. La musique n’est-elle pas, elle aussi, affaire de couleurs ? La littérature peut également venir à la rescousse des ensembles : Maxime Pascal a ainsi baptisé son ensemble Le Balcon en référence à la pièce de Jean Genet, « un auteur qui incarne une liberté de ton et une irrévérence proches de notre philosophie », explique-t-il.
Les plus poétiques
Parfois, la beauté du mot et les images qu’il suggère suffisent à emporter l’adhésion des musiciens. C’est le cas de l’ensemble Sillages ou du quatuor Ebène, dont le nom renvoie au bois noble et sombre célébré par Baudelaire. L’ensemble Zellig s’est, quant à lui, inspiré du zellige, une technique de mosaïque aux couleurs vives.
Les plus étonnants
Rien de tel que le jeu de mots pour se démarquer, s’il est réussi, comme dans les cas du quatuor à vent Anches hantées ou de l’ensemble C Barré. Un pari risqué, mais qui marque les esprits. Les noms des ensembles contemporains ressemblent parfois à des formules mathématiques : ainsi TM+ de Laurent Cuniot est l’abréviation de “territoires musicaux” et 2e2m signifie “études et expressions des modes musicaux”.
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