Disparition de François Grenier
Le claveciniste François Grenier, 39 ans, a mis fin à ses jours mercredi 17 mars. La violoncelliste Claire Lamquet, qui co-dirigeait avec lui l’ensemble de musique ancienne Hemiolia, lui rend hommage.
Le claveciniste François Grenier, 39 ans, a mis fin à ses jours mercredi 17 mars. La violoncelliste Claire Lamquet, qui co-dirigeait avec lui l’ensemble de musique ancienne Hemiolia, lui rend hommage.
« Avec la crise sanitaire, et en particulier à partir du deuxième confinement, j’ai senti un net changement dans le comportement de François. Il avait beaucoup moins d’énergie, il était tellement triste des annulations de concert. Il ne les supportait plus. Cette saison devait être la plus importante de l’histoire de notre ensemble, avec des tournées prévues en Bolivie, au Québec, une Passion selon Saint-Jean de Bach avec le Concert d’Astrée…
Je lui disais de profiter de cette période pour penser à l’avenir, préparer des projets, mais il était de plus en plus fuyant. Il s’était renfermé dans sa bulle, et ressassait les annulations. L’avenir l’inquiétait de plus en plus, il en avait une peur panique, car il y avait de moins en moins de report de nos concerts. Il craignait aussi que l’année blanche pour l’intermittence du spectacle ne soit pas prolongée.
Or François était un amoureux inconditionnel de la musique ; nous avions en commun la même passion pour le répertoire italien du XVIIe siècle. Il partageait sa vie entre la direction de chœurs et la co-direction de notre ensemble. Hemiolia est une structure artisanale, où nous tenons à tout faire nous-même. On n’a jamais voulu s’institutionnaliser. Nous faisions la production, la diffusion, c’était un engagement très fort. Au-delà du travail, nous étions tous amis. La plupart des musiciens sont originaires du Nord, nous parlons ch’ti en répétition ! François était un joyeux luron, mais par contre à l’extérieur il pouvait être timide. C’était une personnalité ultra-sensible. Nous ne connaîtrons jamais l’ensemble des raisons qui l’ont poussé à ce geste.
J’ai aujourd’hui du mal à imaginer redonner les projets artistiques que nous avions conçu ensemble. Il faudra se réinventer, mais ce ne sera plus jamais pareil. L’enterrement de François aura lieu demain mercredi 24 mars à l’église d’Avesnes-sur-Helpe (Nord), là-même où j’ai joué pour la première fois avec lui en 2008. »
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